Interview de Vanessa Larue & Maxime Fortelle, ergonomes

Le prochain « Je dis Web » sur le thème de l’ergonomie appliquée aux solutions mobiles aura lieu jeudi 14 mars à partir de 18h45. Nous avons posé quelques questions à Vanessa Larue et Maxime Fortelle, conférenciers de cette soirée. Nous vous livrons leurs premières réponses

Le prochain « Je dis Web » sur le thème de l’ergonomie appliquée aux solutions mobiles aura lieu jeudi 14 mars à partir de 18h45. Nous avons posé quelques questions à Vanessa Larue et Maxime Fortelle, conférenciers de cette soirée. Nous vous livrons leurs premières réponses :

  Comment êtes-vous devenus des professionels de l’ergonomie ?

Vanessa : Mon parcours assez atypique m’a permis de découvrir plusieurs domaines des sciences humaines avant d’intégrer un master en ergonomie cognitive. De formation d’ingénieur linguiste, je me suis orientée vers ce master parce qu’il alliait la prise en compte de l’humain, de ses comportements, à la connaissance de systèmes informatiques avec comme objectif principal d’adapter ces systèmes aux personnes qui les utilisent.

J’ai intégré l’équipe d’ergonomes du groupe Altran en 2007, et cela m’a amené à travailler pour différentes entreprises : Orange, Casino….et à travailler sur de multiples interfaces : logiciel (propriétaire ou open source), web, mobile….tantôt pour le domaine professionnel, tantôt pour des produits ou services grand public.

Depuis 2009, chez Altran, nous avons créé une practice en ergonomie nommée USERS (Usability and Ergonomic Solutions) dans laquelle interviennent 6 ergonomes confirmés dans le domaine des interfaces et un spécialiste du facteur humain et organisationnel. Nous contribuons à la conception centrée utilisateur pour développer des interfaces simples, innovantes et adaptées. Nous intervenons pour réfléchir à une méthodologie sur-mesure en fonction d’un besoin exprimé, nous participons autant à la conception qu’à l’évaluation d’une interface dans le but de les optimiser.

Maxime : J’ai fait des études de psychologie sociale entre Nancy et Metz. Puis en dernière année de Master, j’ai découvert grâce à des cours d’ergonomie que l’on pouvait exploiter l’étude des comportements humains dans la conception de produit.

En 2007, l’année de l’obtention de mon diplôme, le milieu du web recherchait des experts en utilisabilité. Et grâce à Netway, j’ai eu l’opportunité d’exercer mon métier entre le Luxembourg et la Belgique. C’est là, que j’ai découvert FLUPA en 2009.

Et puis, je suis arrivé à Grenoble en 2010 pour travailler pour la société Floralis via sa Business Unit Multicom. Multicom est spécialisé en ergonomie des IHM et pour l’innovation. Nous y sommes 5 ergonomes aux profils différents (sociologie, psychologie, science cognitive, etc.). Nous faisons du conseil en ergonomie sur des projets très divers : progiciel, site web, projet de recherche universitaire, application mobile, technologie muséale, etc. Nous ne nous cantonnons pas au web, nous essayons de travailler sur des problématiques qui replacent les utilisateurs au centre de la conception de produits numériques.

 Pourquoi avez-vous rejoint l’association FLUPA ?

FlupaMaxime : Travaillant au Luxembourg, j’ai découvert FLUPA (France Luxembourg User Experience Professionals Association) qui commençait alors à faire parler d’elle en 2009. Le but de l’association était de faire connaître l’ergonomie des logiciels aux différents acteurs IT Luxembourgeois. Grâce au réseau de ses membres, l’association a pu d’abord s’expatrier à Paris, puis sur plusieurs villes en France. En 2013, l’association a bien grandi avec plusieurs antennes dans toute la France : Paris, Metz, Rennes, Toulouse, Grenoble et un événement national : le UX-Day.

Pour ma part, j’ai d’abord rejoint l’association pour pouvoir discuter avec d’autres ergonomes (métier et méthode). Puis, je me suis pris au jeu de l’organisation de conférences sur Luxembourg, puis Grenoble. L’idée était de faire venir des conférenciers qui m’intéressaient pour leurs thématiques et de les faire intervenir dans ma ville. C’est comme cela que j’ai pu rencontrer des personnes passionnées par leur métier, comme Vanessa. Finalement, j’ai poussé l’idée plus loin pour co-construire une conférence nationale qui devint le UX-Day.

Actuellement, l’antenne Grenobloise de FLUPA a été reprise par Elena Elias qui travaille à l’Université Joseph Fourier sur un projet de Serious Game. Sur Grenoble, après un événement reporté faute de participants, l’association va essayer de relancer des apéros et des petits déjeuners sur des thèmes fédérateurs.

Vanessa : J’ai connu la FLUPA lors d’un congrès de l’UPA – association qui regroupe des spécialistes de l’UX (User Experience) au niveau mondial – à Munich en 2009. On m’avait présenté la FLUPA comme étant l’antenne Franco-Luxembourgeoise de l’UPA, la Usability Professionals’ Association.

Après cette première rencontre le hasard a voulu que je collabore à des projets en ergonomie avec Maxime qui était, à ce moment là, le trésorier de l’association. Sa motivation et son envie de « faire » m’ont donné envie d’intégrer cette association pour participer aux évènements dans la région Rhône-Alpes. Ces rencontres sont essentielles pour échanger et partager sur nos pratiques entre collègues du monde de l’UX et de la CCU (conception centrée utilisateur).

 Qu’est-ce qui vous plaît & vous motive le plus dans votre travail ?

Maxime : Ce qui me plaît dans mon travail, c’est d’être au contact des utilisateurs pour valider les innovations et les concepts sortis de la tête des créateurs. Les créateurs peuvent être issus de domaines très différents : collectivité locale, ingénieur, marketing, designer, chercheur, etc. Chaque domaine a des arguments pour sortir un produit ou un service, mais l’aspect humain n’est parfois qu’un concept éloigné. L’ergonome est là pour adapter le produit au plus grand nombre d’utilisateurs possible.

Mais il faut bien reconnaître que tout cela reste souvent de la théorie. Trop souvent, la réalité de l’ergonome, c’est d’appliquer des règles et des normes sur des produits quasi-finis ou de créer des boutons plus ou moins gros. C’est pourquoi il faut continuer d’évangéliser les concepteurs et les porteurs de projets pour avoir des budgets afin d’intégrer l’ergonomie dans les processus de création.

Vanessa : Ce qui me motive, et cela depuis le début, c’est de participer à simplifier la vie des usagers. Il est vrai qu’un projet idéal correspond pour moi à une collaboration étroite avec les développeurs, les marketeurs et les designers.

C’est bien le principe de la co-conception qui permet de véritablement mettre la technologie au service de l’utilisateur. Il s’agit de réfléchir ensemble à construire un produit ou un service adapté et accessible à tous les profils. Le but recherché est de leur faire vivre une expérience d’utilisation agréable et confortable.

 Quels sont les bénéfices ou inconvénients de l’ergonomie, notamment appliquée au web mobile ?

Maxime : Concernant les bénéfices, le fait d’intégrer des méthodes ergonomiques dans la conception d’un produit permet d’abord de le rendre acceptable et utilisable par les utilisateurs. Ce qui signifie qu’il vont l’utiliser et/ou l’acheter plus facilement. Pour l’équipe de conception, c’est de faire les bons choix pour éviter de faire des upgrade correctifs et donc de se concentrer sur les innovations plutôt que sur les corrections.

Concernant les inconvénients, je dirais que le principal inconvénient concerne le temps que l’on veut mettre dans une étude ergonomique. Pour traiter des données, il faut prendre du recul et commencer avant de lancer le développement d’un produit. Cela prend du temps et donc de l’argent.

Pour parler web mobile, je dirais que le bénéfice est important car nous sommes dans une technologie récente et qu’il y a encore peu de connaissance concernant les usages et les besoins des utilisateurs. Et donc, les innovations et les services doivent être utilisables pour espérer percer dans ce marché récent. De plus, le nombre de terminaux différents implique qu’il faut être capable d’adapter son produit à chaque type d’usage ( smartphone, tablette, e-PC,etc.).

Par exemple, le cas où un utilisateur va utiliser la fonction Traffic, dans Google Maps, sur son smartphone et au volant de sa voiture. L’une des questions à se poser serait : comment faire pour minimiser le risque d’accident ? A partir de là, on peut essayer d’y répondre en essayant de comprendre comment l’utilisateur tient son smartphone, sur quelles types de route il l’utilise et pourquoi il l’utilise,etc..

 Existe-t-il des outils qui peuvent faciliter le travail en conception lorsqu’on n’a pas le temps ou les ressources pour faire appel à l’expertise d’un ergonome ?

Vanessa : Mon avis sur ce point est que l’on peut avoir une « sensibilité » à l’ergonomie, que l’on peut évidemment interroger ses utilisateurs pour répondre à des questionnements précis liés à une interface, que l’on peut appliquer certains critères facilement (homogénéité…). Mais cela ne remplace par l’intervention d’un ergonome. L’apport peut se faire sur des points de détails, mais il faut garder en tête qu’un investissement qui peut paraitre important au départ permet à l’arrivée de faire des économies importantes. Les spécialistes s’accordent à dire que pour 1€ investi en analyses ergonomiques, de 10 à 100 € sont économisés (ou gagnés) par la société. Ce ROI peut également être vérifié par :

  • Une augmentation des ventes
  • Une diminution des appels au support client de l’ordre de 66 %
  • Une augmentation de la satisfaction des utilisateurs

 Merci à vous deux et rendez-vous le 1er mars pour la suite et fin de cette interview.

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